Septentbre 1918 I LE·NIG~G MONTREAL Vol, 1 No 9 Le Numero1 20 Sous SOMMAIRE -No. 9. Septembre 1918 L\SO-POL :\lORIN La musique espagno!e d"aujoi.nfhui. LOUS BOl'HllOJ ~ Art el Science. PAUL 1[QRI)> Stipham'e. p&me. FERNAXD I'Hf:~'Q:--;-T,U:--;-E Lil trompe-rre17 el rimitatWn. R. L\HOQt:E UE ROQrlrnIW:-.-I•~ L'imiVers en rond, poeme. JOSF.:E /1',UEH.::i Jules L, forgu.e. I'.\l1L BlffXOT Dialogue rks bJ/es. La man, aux grmoui//~s. En-Mies et cu/s---de-/r.impe par A. HEBl•:Kr rt J.-C. J)l{Ql'.JX. Le livre dont on parle est en vente a la LIBRAIR!E C. DEOM 251 rue Ste. Catherine est MONTREAL Depositaire de la revue d'art "LE NIGOG" Musique et broderie fran~aise RAOUL VENNAT 64-Z, rue St Denis Nous faisons toutes les broderies. Nous avons tout ce qui est joli en musique. TEL. EST 3005 LA Pl.US IMPORTANTE LIBRAIRIE et PAPETERIE FRANQ"-ISE du CANAOA fondee en 1885 l/VRES religieux classiques fram;ais canadiens FOURNITURES de classes de bureaux de dessin ARTICLES religieux et de fantaisie PAP!ERS FEINTS tapisseries GRANGER FRERES Umitte prodigieux, sensuel, passionne, delicat et 1yrique, de l'aV'is de Pedre!I et meme de Liszt et de Rubinstein. Ii semble avoir abandonne 0a carriere vers 1890 pour se livrer entierement a la composition. H avait deja beaucoup ecrit pour le piano, car Albeniz fait toujours avant tout de la musique pour le piano. II essaie le lied, mais ii ne sai•t pas se tenir dam un texte. Ar1ileurs si ri<:he d'imagination, !'arrangement de son piano est ici apauvri et la melot n'est pas que cela, comme la science n'est pas seu1ement la deduction froide et rigoureuse. De plus, '!'evolution de l'industrie est joliment subordonnee a cdle de la Science, et tant que cette derniere sera, !'Art pourra vivre sans soucis, et je ne conc;ois pas du tout i'intelligence sans !'imagination. L'artiste peut, sans doute, se refuser a croire que le savant Jui aussi a soif d'esthetique, ill ne comprend pas qu'il existe de beJ.les demonstrations mathematiques, ii sourit, dedaigneux, si on Jui parle de l'harmonie des nombres, des formes, de l'elegance geometrique. La beaute d'une theorie, d'une hypothese bien batie, bien ordonnee Jui echappe et pour cela iii s'imagine que Ile mathematicien doit avoir perdu toute faculit.e d'emo•jon, qu'aucun sentiment ne peut vivre dans son etre! Nous allons jusqu'a croire que J'evolution audacieuse de la Science facilite l'eclosion des conceptions nouvelles en Art. Car, si on s'habitue a changer nos certitudes scientifiques, on accoutumera peut-etre plus facilement aussi notre esprit et nos sens a modifier nos raisons esthetiques. Les nouveLles ecoJes qui paraissent absurdes a beaucoup ne nous semblent pas plus condamnai)les dans 1eurs tentatives que ,Jes conceptions logiques qui president a !'edification de la geometrie non euclidienne ou de la theorie des Quanta. Que ces choses ne correspondent a rien de reel, rl· ne s'e:1suit par du tout qu'elles soient absurdes et inutiles. D'ailleurs ces choses si loin de notre experience ont tout de meme 6largi Je champ de nos connaissances, e:11es servent que'lquefois de pont pour franchir un passage difficile, elles relient deux rives du connu. C'est vraiment peu encourageant que de desirer tout a !'image du deja vu et de ne vouloir que l'uti)e immediat. On ne peut pas ref.user aux artistes de chercher, d'essayer de nouvelles esthetiques, comme on ne peut refuser au savant le droit de faire une nouvelle hypothese. L'art demeure une necessite humaine, j.J n'est pas du r tout incompatible avec iJa Science, puisque tous 1es deux ne peuvent se dispenser de 1l'imagination. Et nous croyons qu'il en sera ainsi tant qu'il faudra des Genies pour faire tourner d'un elan nouveau la grande roue du progres. LOUIS BOURGOIN. STEPHANIE. J e voudrais un amour sensible et delicat comme un pastel fane, cercle d'un cadre mat. Elle s'appellerait Stephanie,--0u Francine-; moi, je serais etudiant en medecine. J'aurais ,un pantallon gris-de-penle, a sous-pieds, et des carricks sur ceux de Gautier copies; ses cheveux friseraient sous un bavdlet-c'loche, son daguerreotype habiterait ma poche. Je d'aurais rencontree, emu, tremb'lant, transi, chez mes cousins de Sceaux,-ou de Montmorency-. (Eble avait un cachemir, une crinoline, un casaquin, avec des ruches de Malines.) Son papa serait un gros rentier du Marais, le mien, apothicaire dans le Vivarais. Le dimanche soir, on demeurerait atable tard, en faisant l'eloge d'un the detestable; j'ecouterais son pa1:ernel parler de Thiers..., j'aurais trop chaud, et Legerement ma,! aux nerfs. 289 Sa maman Jui dirait: "Francine, tiens-toi droitc." J e penserais : Mere cruel1le, ceMence dans plusieurs quartiers de Montreal, qui, sans la tole galvanisee auraient un aspect moins fantastique. !miter lta pierre avec •le beton me semble une faute moins grave qu'avec :Ia tole, mais c'est la encore une fausse indication, mais la faute devient impardonnab!le quand on construit ave<: du ciment, des kiosques et des ponts imitant des constructions en bois rustique. Ces imitations ont beau avoir etc faites tres habilement, elles n'en sont pas moins des crimes contre la raison et 1e bon sens. Je regaI'ant sur la paroisse, clans laqueae nous trouvons un paragraphe sur l'architcctu,c re'igieusc au Canada. Cet article est tout a fait au poin~; ii condamne avec juste raison l'individualisme no:1 eclaire dans cette architecture si importante qu'est ]'architecture re-ligieu,·e. Il es~ en effet malheureux de voir le peu de cas que i'on fait des vraies compe-tence~ quand ii s'agi• de batir une eglise. E,, a l'encontre le ces de. ails de style et d'esprit differents dans •une men~e construction. Le resultat est deplorable, d'abord parce que !'ensemble n'y es~ pas et ensuite parce que )'architecture est peut-etre !'art qui peut le moins se transplanter; ii obeit aux conditions clima~eriques. horographiques et topographiques de l'endroit auquel ii est dest:ne. Le R. P. Lamarche cite de Mgr. Riviere, eveque de Per:gueux ceci : "Pour nos statues et tableaux, ne choisissons-nous pas, n'acceptons-nous pas au rnoins, de cer'ains donateurs plus genereux que de gout sur quelques Sacres-Coeurs, 306 _quelques Saintes Vierges, quelques Saints peinturlures, pardonnez-moi Je mo•, je n'en trouve pas d'autres, en couleurs atroces sur !es joues et ,Jes 'levres desquels on a, ce semble ecrase du vermi,Jlon, dont Jes gestes sont tourmentes et faux, pour Jes placer au milieu de superbes eglises byzantines, rom-anes au autres qui abondent, et cela m'est une vraie satisfaction clans notre Perigord". Le ma! est le meme ici avec cette difference qu'il nous manque Jes splendides eglises byzantines, romanes ou autres. II eut ete cependant si fadle de s'inspirer de nos premieres egiises et de creer un style qui eut fait honneur au Canada et qui aurait de plus donne a des talents nombreux et varies ,)'occasion de se manifester autrement que par de mauvais pastiches ou des styles defigures. Le R. P. Lamarche souligne ceci : "Monseigneur Riviere pourvoit a fa creation d'une commission diocesaine pour la conservation et le developpement de ,}'art religieux." Cette commission est compo~ee de huit membres, don~ trois laiques et cinq ecclesiastiques. La principa:le ordonnance est formu'lee en ces termes: "Avant de construire une eglise ou une sacristie, d'en reparer, d'en agrandir ou d'en meubler une, avant d'y mettre les ornements atitre definitif, ou des sta~ues, avant de placer au rebut un vase sacre, un ornement antique ou tout autre objet ancien de l'eg•lise, MM. les cures OU aumoniers demanderont a ia. commission son avis et son autorisation." Si ces recommendaions etaient imposees ici et ecoutees, nous n'aurions pas a pleurer la destruction de vieiiles et jolies eglises qui soot remplacees par du mauvais gout synthetise et qui, de plus, efface trop surement un passe que nous avons tout interet aconserver intact pour servir d'exemp1e en un moment ou nous en avons bien besoin. Henri H;E:BERT. CORRESPONDANCE. A M. Marcel Dugas, poete. Je croyais Jes bourgeois seuls imbus du prej uge qui interdit aux musiciens tout autre sujet que la musique. Mais je me suis trompe: j'en demande mi1!1Je pardons aux lettres et a Ia poesie, au nom desqueUes vous parlez avec la plus grande autorite. 306 Malheureusement !'article que vous me faites l'honneur de me dedier, et que vous intitulez Jeux et Ris Litteraires, semble depourvu de la douce ironie qui en justifierait le titre, et que ·l'on cherche en vain. Que d'amertume mal dissimulee pour repondre a un musicien qui a eu le tort d'inserer, dans l'hospita1ier "Nigog" des idees qu'il croit justes et qui ne visent personne en particulier! Si .Yon veut bien me comprendre, je me suis prononce pour la liberte contre le parti-pris, d'ou qu'il vienne ... Ne ravalez pas Je type canadien au niveau de "Baptiste et sa creature": laissez cela, je vous prie aux scribes e, Eu..,tache Lele II er de S.iint Just, Edouard Chauvin, l'abbe Camille Rv), Victc,r 11: rbeau, John Murray Gibbon, Arthur Lctondal, Arthur Laurendeau, G. l\I. Brewer, Rodolphe Mathi<'u. Henri G:.gnon. George-Emile Tanguay, (h-ias Leduc, The 111,1, \\'. • Ludlow, Rnm!-'ay Traquair, Edmond Dyonnct, Jean C'h.1rles Drouin, Ar stide Beaugrand Ch..impag-nc. J hn Rexburgh Smith, Louis Bourgoin, Bernard K. San